Dans un monde entrepreneurial qui connait de moins en moins de frontières, créer une entreprise dans un pays étranger se transforme en tendance. Ces entrepreneurs sans frontières choisissent d’entreprendre ailleurs pour de multiples raisons.
Quelles peuvent bien être leurs motivations ? Elles sont économiques souvent. Lorsque la conjoncture dans son propre pays n’est pas favorable. Stratégiques parfois, lorsqu’un marché s’annonce porteur et attire des entrepreneurs qui cherchent, au travers d’une économie dynamique, un fort potentiel de croissance (La Chine, le Brésil ou les Émirats Arabes Unis font aujourd’hui partie de ces eldorados qui attirent nombre d’entrepreneurs occidentaux). Humaines enfin, quand l’appel du grand large devient un choix de vie.
Dans les cas où la création d’entreprise à l’étranger relève d’un choix principalement humain, celui-ci est souvent dicté par l’envie de voir autre chose. Il est parfois aussi guidé par le sentiment que « c’est plus facile ailleurs« .
Bon nombre d’entrepreneurs français choisissent le Québec pour cette raison. Terre francophone en Amérique du Nord et souvent idéalisée au travers de quelques images d’Épinal, la Belle Province exerce un pouvoir d’attraction que les québécois ont eux-mêmes du mal à comprendre. Ayant fait le choix de partir et ce créer ma boite au Québec, j’ai souvent entendu mes amis québécois s’interroger sur les raisons de mon départ. Pourquoi quitter la France (« un si beau pays » me disent-ils) et pourquoi venir au Québec pour entreprendre plutôt qu’à Paris ou ailleurs dans l’hexagone.
Alors le Québec, terre promise pour les entrepreneurs étrangers ?
S’il est vrai que la culture entrepreneuriale est un peu plus développée au Québec qu’en France (l’écart n’est pas si majeur que çà), un des clés tient dans la facilité administrative de créer une entreprise. Peu de paperasses, des processus en ligne permettant de tout faire par internet et un délai de réponse très court. Votre entreprise peut être lancée en quelques jours à peine. Une souplesse administrative qui permet de concentrer ses efforts sur le développement du projet plutôt que de se perdre (parfois de s’user) dans les dédales de l’administration.
Les coûts de création sont également faibles (quelques centaines de dollars) et les charges à payer moins lourdes qu’en France par exemple. Reste qu’au delà du démarrage, c’est avant tout le talent de l’entrepreneur qui fera le succès. Et il ne faut pas négliger le fait qu’entreprendre pour un étranger sera toujours plus difficile que pour un natif du coin. Que l’apprentissage de la culture québécoise est un facteur essentiel de réussite (tous les boulangers français ne réussissent pas au Québec et leur échec – il y en a un certain nombre – est souvent lié à une compréhension trop tardive des habitudes de consommation qui diffèrent totalement de celle des habitants de l’hexagone).
Enfin, la culture de l’échec est sensiblement plus développée au Québec qu’en France où le dépôt de bilan d’une entreprise se traduit pour l’entrepreneur par des difficultés à rebondir que certains économistes appelle le « suicide social« . Sans aller jusqu’à l’approche typiquement américaine qui veut qu’il faut vivre 3 échecs pour réussir un grand succès d’entreprise, un échec entrepreneurial ne sera pas condamné au Québec et ne vous pénalisera pas lors du lancement d’une autre entreprise.
Entreprendre au Québec : distinguer les mythes de la réalité en quelques affirmations…
– Les démarches administratives sont simplifiées : VRAI
Vous pouvez créer par vous-même votre entreprise en moins de 24 heures et par internet. Nous conseillons cependant de vous faire accompagner ne serait-ce que pour vous assurer que les statuts, les catégories d’action et autres détails importants sont bien en accord avec la nature de votre compagnie, de son activité et de son développement futur.
– Les coûts pour créer une entreprise sont limités : VRAI
– Les charges salariales sont plus faibles qu’en France : VRAI
On parle en terme chiffré de charges salariales de 20% au maximum alors qu’on se situe autour de 50% en France
– Le taux d’imposition est plus favorable : VRAI
Les différences ne sont cependant pas si importantes. Les entreprises québécoises dont le revenu imposable n’excède pas 500 000 $ sont imposées à environ 21% et à 28% dans les autres cas (contre 33% en France à titre d’exemple).
– Les cycles de ventes sont beaucoup plus courts : partiellement VRAI
On confond souvent, par extrapolation un peu hâtive, les données américaines avec celles du Québec. Si les cycles de vente sont plus courts qu’en France et que le contexte de surconsommation favorise le développement des entreprises, le marché québécois se situe à mi-chemin entre les Etats-Unis et la France en termes de comportement d’achat.
– Les clients sont plus fidèles : FAUX
En Amérique du Nord, on choisit presque systématiquement la meilleure affaire ou en terme plus business : le meilleur « deal ». Et si votre produit ou service devient moins attractif demain, votre client passera sans remords à la concurrence. Le service à la clientèle est donc très développé afin de rechercher la satisfaction constante du client et par le fait même augmenter le taux de fidélisation.
– L’exigence de qualité est élevée : FAUX
L’exigence des clients porte plus sur l’adéquation au besoin qu’à un besoin strict de qualité. Ainsi, vous découvrirez que les produits européens sont souvent considérés, par les consommateurs nord-américains, trop performants ou trop sophistiqués.
– La normalisation de produit est plus sévère au Québec : FAUX
Dans bien des cas, les normes sont moins contraignantes que les normes européennes. Ce dont se plaignent nombre de fabricants nord-américains lorsqu’ils veulent attaquer le marché français ou européen.
– L’organisation du travail est plus performante et les entreprises mieux structurées : en partie FAUX
Ce mythe a longtemps été entretenu au regard de la puissance économique des Etats-Unis. Ce succès était souvent mis sur le compte d’un organisation ultra-performante. Sachez que c’est d’abord le marketing et la vente qui font le succès de compagnies nord-américaines. Leur organisation globale est bien souvent moins en pointe que celle des entreprises européennes (surtout dans le secteur des PME) mais leurs processus de ventes son très performants et dopés par une société de consommation qui n’est plus à décrire. Au Québec, l’organisation des entreprises n’est pas le point fort. Mais elles se distinguent par une grande créativité et une originalité de l’offre.
– Le fait d’être étranger n’est pas pénalisant : FAUX
Bien que la culture québécoise soit extrêmement tolérante envers l’autre, un étranger reste un étranger. Et vous devrez avoir un produit ou un service de qualité supérieure à la moyenne ou extrêmement différenciateur pour vous faire une place au soleil. Je garde toujours en mémoire, un entrepreneur (dont la franchise l’honore), me dire que comme j’étais français (lire « non québécois »), je ne pouvais pas lui offrir des services de conseil en stratégie de croissance pour sa compagnie en raison de ma méconnaissance du marché local. Combien ne me l’ont jamais avoué et j’ai pourtant accompagné près d’une centaine d’entreprises dans leur stratégie depuis 10 ans…
– La culture d’affaires est la même qu’en France : FAUX
C’est le plus gros piège. Et nombre d’entrepreneurs français tombent dedans à pieds joints. La culture est très différente et les québécois sont avant tout des nord-américains qui parlent français et non des français qui habitent en Amérique du Nord ! Sachez découvrir ces différences culturelles car elles sont source de nombreux malentendus. Des erreurs qui en affaires sont souvent rédhibitoires et se paient cash.
Pour un premier survol de quelques différences dans les cultures d’affaires, voici le fruit de mon expérience personnelle de 25 ans de liens professionnels entre le Québec et la France : « les 10 commandements en affaires Québec-France« .
Ce billet est une première approche de certains fondamentaux que vous devrez intégrer dans votre projet de création d’une entreprise au Québec. Il vise à vous encourager à venir au Québec pour poursuivre votre rêve mais il doit aussi agir comme un avertissement et une incitation à préparer minutieusement votre projet. Ne dit-on pas que le succès repose à 90% sur la préparation et à 10% sur le talent. Dans un pays qui n’est pas le vôtre, sachez que cela s’applique avec encore plus d’acuité.
Pour connaitre les différentes formes de société existantes au Québec et compléter et votre information, lire le chapitre de notre Guide Destination Québec : Je crée mon entreprise au Québec ou appelez-moi.