Tout a été dit ou presque sur le mentorat d’affaires. Certains en parlent avec enthousiasme (ceux qui comprennent généralement la démarche) et d’autres avec prudence parce qu’il n’ont pas toujours été suffisamment informés du bien-fondé d’un mentor dans le parcours, pas toujours linéaire, d’un entrepreneur.
Un Mentor, ça mange quoi en hiver ?
Pour bien comprendre le mentorat, il est effectivement utile de savoir ce qui caractérise les mentors. J’en ai personnellement rencontré beaucoup depuis mon engagement en 2008 auprès de la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs (devenue Furtupreneur) puis de SAGE, le réseau des mentors de la Capitale nationale affilié à la Fondation de l’Entrepreneurship du Québec.
Leurs points communs? Ils sont majoritairement entrepreneurs ou dirigeants d’entreprises, retraités ou encore en activité, et avant tout des gens d’affaires passionnés. Pour la plupart, des hommes et des femmes engagés, bénévoles et désireux de partager leur expertise avec d’autres entrepreneurs qui en expriment le besoin. Les mentors sont animés d’une volonté permanente de soutenir l’entrepreneuriat. Ils ont conscience du défi que cela représente mais aussi de la nécessité de contribuer à l’économie locale et régionale par la création de nouvelles entreprises et le soutien à la croissance de celles qui opèrent déjà.
Ça peut apporter quoi à un entrepreneur ?
Selon ma propre expérience, le mentorat d’affaires est avant tout une approche qui s’appuie sur une déontologie stricte et basée sur un mentor qui doit assumer un rôle de guide tout en restant suffisamment haut dans sa vision de l’entreprise pour répondre aux attentes de l’entrepreneur mentoré. Il doit éviter le piège de la prise de décision et la tentation de l’opérationnalisation de son intervention pour laisser le libre arbitre au mentoré à partir d’un questionnement qu’il aura suscité.
Si l’apport du mentor peut-être d’ordre stratégique, tactique ou pratique, dans tous les cas, la relation mentor/mentoré (un Duo appelé au Québec une dyade) doit demeurer individuelle et l’échange de points de vue confidentiel. Je vois 3 grands axes d’intervention d’un mentor qui peuvent s’exercer à des moments différents de la vie d’une dyade :
Premier axe : le mentor comme « caisse de résonance »
Ce rôle conduit à tester l’entrepreneur sur les hypothèses de son plan et lui donne les moyens d’affiner sa vision et ses objectifs en jouant l’avocat du diable et en ouvrant de nouvelles perspectives. Faire écho à ses idées et à l’intuition de l’entrepreneur sans le juger et en l’orientant vers les meilleures alternatives.
Deuxième axe : le mentor comme « observateur extérieur »
Une intervention qui consiste à agir comme un œil extérieur, objectif et dénué d’affectif. Le mentor apporte un soutien à l’entrepreneur afin de l’aider à garder le sens des réalités face aux décisions importantes qu’il doit prendre au quotidien. Il offre une écoute active et une neutralité qui aide le mentoré à relativiser les choses et à trouver par lui-même des pistes de solutions à des problèmes parfois ardus. Une façon de rompre l’isolement que vivent bon nombre de dirigeants d’entreprise.
Troisième axe : le mentor comme « interface d’échange et de discussion »
Le rôle s’oriente dans ce cas vers une capacité à comparer des options, évaluer les problématiques et des situations. Le mentor fournit des critères d’appréciation et peut challenger l’entrepreneur. Il peut aussi l’aiguiller vers des professionnels ou des prestataires de services aptes à répondre à des besoins ou des expertises spécifiques.
Parce que le mentor et son mentoré doivent réussir à mettre en place une relation saine, une façon d’échanger ensemble qui les conduit à regarder dans la même direction, il s’en dégage une forte complicité et un enrichissement mutuel. La relation de confiance qui en découle permet d’agir, en toutes circonstances dans un cadre qui favorise le dialogue et l’atteinte des objectifs de l’entrepreneur mentoré.
Pour en savoir plus sur la relation Mentoré/Mentor, cette présentation de Futurpreneur est une bonne ressource : Le mentorat : un appui à votre vision et à vos valeurs.
Ça doit avoir quel âge un mentor ?
Il est grand temps d’en finir avec une légende urbaine qui veut qu’un mentor soit forcément vieux !
C’est là qu’il est important de bien concevoir le rôle du mentor. Répondre au besoin d’un entrepreneur, à un moment ou un autre de son parcours, n’est pas une affaire d’âge mais plutôt une question de compréhension et d’expérience. Un entrepreneur peut privilégier chez un mentor :
- une aptitude à la communication et au dialogue
- un vécu pertinent dans un secteur d’activité particulier
- une longue expérience en affaires (ou quelqu’un « qui a vu neigé« )
- la capacité à comprendre et à motiver
- la disponibilité,…
On constate parmi ces différents choix que l’âge n’est pas un critère de choix. Prenons le simple exemple d’un entrepreneur en technologies qui chercherait un mentor ayant une connaissance des nouveaux modèles économiques générés par le monde de l’internet. Il existe des entrepreneurs dans la trentaine qui, dans un domaine qui se caractérisent par des cycles de vie très courts, pourraient agir comme mentor avec succès s’ils possèdent les qualités interpersonnelles et humaines requises pour jouer ce rôle.
Les avantages de la force de l’âge? C’est avant tout le vécu, le fait d’avoir été confronté à des situations variées ce qui facilite la compréhension des problématiques vécues par l’entrepreneur mentoré. Elle donne au mentor une réelle capacité à entrevoir plusieurs pistes de solutions à une problématique donnée.
En conclusion, l’âge du capitaine ne doit pas être le premier critère de sélection d’un mentor. Le choix devra plus se porter sur celui qui amènera la dyade à bon port…
Des chiffres sur le mentorat qui parlent d’eux-mêmes…
Reste la question de fond : en tant qu’entrepreneur, ai-je intérêt à m’appuyer sur un mentor?
Selon la Fondation de l’Entrepreneurship du Québec, 70 % des entreprises mentorées ont franchi le cap des cinq années d’existence contre un tiers à peine pour celles dirigées par des entrepreneurs qui n’ont pas fait ce choix.
Et au-delà du démarrage d’entreprise et des jeunes entrepreneurs, il est important de comprendre que le mentorat peut également s’adresser à des entrepreneurs plus expérimentés comme cet article en témoigne : « CEOs need Mentors too« .
Vous avez encore des questionnements ? Je vous invite à venir écouter un témoignage que je donnerai à titre de mentor de SAGE avec un duo d’entrepreneurs mentorés, François Lemieux et Michel Cadoret (fondateurs de ACL Estimation) lors de la foire des Entrepreneurs le 30 avril prochain à Québec. Vous pouvez également apporter votre contribution sur le sujet en commentant ce billet…
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