Le célébre général chinois Sun Tzu et son livre culte « L’art de la guerre » nous ont enseigné que la stratégie de guerre est une source d’inspiration pour les dirigeants d’entreprises (Voir billet sur le sujet). Leurs décisions stratégiques, en situation de forte concurrence, empruntent donc souvent le chemin d’une lutte contre des ennemis multiples.
Mes choix de lecture estivale alternent généralement entre lectures de détente et lectures plus professionnelles. J’ai trouvé cet été dans l’ouvrage « Mers-el-Kébir » de Dominique Lormier, l’occasion de marier les deux. L’auteur nous raconte la célèbre bataille qui s’est déroulée dans le port de Mers-el-Kébir près d’Oran en Algérie entre la Marine britannique et la Marine française et son récit commence comme suit :
« À l’aube du 3 juillet 1940, une puissante force navale britannique entre en rade de Mers el-Kébir, dans la baie d’Oran. À 17 h 55, après de nombreuses sommations à la flotte française, les Britanniques ouvrent le feu et Mers el-Kébir s’embrase : dans une mer de mazout en flammes, près de 1 300 hommes sont tués, 350 blessés. L’incompréhension, l’indignation sont à leur comble, la presse se déchaîne contre la « perfide Albion ». Mais Churchill avait-il le choix ? »
Et cette question traduit tout l’attrait du livre. A une période critique où la France capitule devant l’envahisseur allemand, les positions divergent entre les hommes forts des états-majors militaires (du général De Gaulle à l’Amiral Darland ou au Général Weygand), sous une autorité du Maréchal Pétain devenue très discutable. Churchill se retrouve alors face à un choix cornélien : la France pétainiste, va t-elle livré sa flotte, 4ième puissance maritime mondiale de l’époque, aux allemands ? Ce risque est-il stratégiquement acceptable ?
Le livre tente donc d’exposer les stratégies des uns et des autres et relate comment les anglais prendront finalement la décision d’attaquer la flotte française, amarrée en Afrique du Nord, brisant ainsi une alliance de longue date qui semblait devoir tenir face à la menace allemande. Une fois encore, « ils ont tiré les premiers, messieurs les anglais« , prolongeant une longue histoire d’amour et de haine entre les français et les sujets de sa Majesté.
Cette décision douleureuse et délicate a peut-être été l’un des tournants de la seconde guerre mondiale. Fruit d’une bonne dose de stratégie, mélange de subtilité et de fermeté, exécutée en environnement extrêmement complexe et dont tout entrepreneur peut s’inspirer lorsque son environnement commencer à tanguer…
One Response to Stratégie et concurrence : J’ai lu et aimé le livre « Mers-el-Kébir »