L’amélioration de la condition féminine a été au coeur du changement social au cours des dernières années tant au Québec qu’en France. L’Institut de la statistique du Québec vient de sortir un rapport sous forme d’un portrait de la situation comparé entre les femmes et les hommes dans les sociétés françaises et québécoises. L’initiative de ce projet revient à l’Observatoire franco-québécois de la santé et de la solidarité et est le résultat d’une collaboration étroite entre le Service des droits des femmes et de l’égalité, du Ministère français du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, et l’Institut.
Voici quelques grands thèmes abordés qui ont particulièrement retenu mon attention :
Démographie : la France et le Québec se situent toutes les deux au-dessus de la moyenne européenne en ce qui a trait à l’espérance de vie des femmes et des hommes. Les femmes ont une espérance de vie plus élevée que celle des hommes de façon plus marquée en France (7 années d’écart) qu’au Québec (5 années). La plus forte fécondité de la France, seul pays de l’Union européenne (UE) qui se rapproche, avec l’Irlande, du seuil de remplacement des générations, la différencie du Québec et du Canada qui se situent cependant au-dessus de la moyenne européenne.
Santé : les femmes ont un taux de mortalité inférieur à celui des hommes. Il faut dire que leurs comportements sont moins à risques que ceux des hommes. Ainsi, elles fument moins souvent que les hommes. Par contre, il y a autant de pays où ce sont les femmes plutôt que les hommes qui ont une plus grande proportion d’obèses. En France, on observe plus de fumeurs qu’au Québec et le tabagisme féminin perdure parmi les jeunes alors qu’il diminue au Québec. Toutefois, la proportion d’obèses, l’une des plus faibles de l’UE, y est inférieure.
Education : le niveau d’éducation des filles dépasse maintenant celui des garçons, dans tous les pays, dans le cas de l’enseignement général et presque partout dans le cas de l’enseignement supérieur. En France et au Québec, les jeunes filles se situent au-dessus de la moyenne européenne, pour le secondaire supérieur. Parmi les diplômés universitaires, les femmes sont majoritaires dans tous les pays. En ce qui concerne divers domaines d’étude, les femmes demeurent majoritaires dans la santé et également dans la plupart des pays en sciences pures (mais pas en France), et sont relativement peu présentes en informatique, discipline qui attire beaucoup les jeunes hommes.
Marché du travail : le taux d’emploi des femmes au Québec et au Canada est parmi les plus élevés, alors que celui de la France l’est moins. L’écart entre les femmes et les hommes s’est beaucoup réduit entre 2000 et 2007. En France comme au Québec, les femmes sont plus souvent salariées que les hommes, mais moins souvent employeuses ou travailleuses indépendantes; cependant, elles sont en plus forte proportion employeuses ou travailleuses indépendantes au Québec qu’en France. Les femmes occupent beaucoup plus souvent des emplois à temps partiel que les hommes, et leur part de l’emploi à temps partiel a tendance à se développer. On observe une différence majeure entre le Québec et la France en ce qui concerne le taux de chômage: ainsi, au Québec et au Canada, le taux de chômage des femmes est inférieur à celui des hommes,contrairement à la France . La même constatation s’applique au taux de chômage de longue durée .
L’écart de la rémunération horaire brute moyenne entre les femmes et les hommes dans les secteurs public et privé est plus fort au Québec qu’en France. La France se distingue du Québec, et aussi de la grande majorité des autres pays, par le fait que, dans l’industrie et les services, cet écart est presque nul chez les moins de 30 ans et parmi les plus faibles chez les 30-39 ans.
Articulation des temps de vie : les femmes consacrent plus de temps aux tâches domestiques que les hommes, et les écarts sont importants. Aucun des pays étudiés n’échappe à cette observation. Lorsqu’on tient compte de l’ensemble du temps contraint (temps domestique et temps de travail ou d’études), il reste souvent un écart, très variable selon les pays. En France, les femmes ont un temps contraint total supérieur d’une demi-heure par jour (soit 3 heures et demie par semaine) à celui des hommes, alors qu’au Québec les hommes ont 12 minutes par jour de plus que les femmes. Les femmes et les hommes ont le même temps contraint total au Canada, ce qui en fait le pays le plus égalitaire à ce point de vue. En France comme au Québec, il y a eu une forte progression du taux d’activité des femmes de 25 à 49 ans, entre 1983 et 2007, tandis que le taux des hommes a peu bougé.
Niveau de vie : l’écart du taux de risque de pauvreté entre femmes et hommes est plus élevé au Québec qu’en France. D’une façon générale, le taux observé au Québec est le plus fort parmi tous les pays dans le cas des femmes de 16 ans et plus, et l’un des plus forts dans le cas des hommes. Le taux en France est plus favorable, étant inférieur au taux moyen de l’UE. Ce classement très défavorable du Québec, et à un moindre degré du Canada, se retrouve dans la population en emploi comme dans celle sans emploi. La situation de l’emploi ne semble pas en cause car il y a beaucoup moins de personnes qui vivent dans un ménage sans emploi au Québec et au Canada qu’en France; les personnes seules, et particulièrement les femmes seules, ont en plus forte proportion un plus faible niveau de vie.
Vie politique : au Québec, et encore davantage en France, les femmes sont minoritaires à l’Assemblée nationale. Par contre, l’égalité est presque atteinte en France et l’est au Québec au sein du pouvoir exécutif .