« Que serais-je sans toi ? » une phrase, une prose à jamais inscrite dans le répertoire de la chanson française. Question à laquelle Jean Ferrat répondait « …que ce balbutiement« . Et ses chansons eurent très rapidement un écho, dans toute la francophonie, bien plus grand qu’un simple balbutiement. L’artiste et sa différence, sa façon de transposer et de magnifier en chanson les textes d’Aragon, firent de lui un mythe.
L’annonce du départ de Jean Ferrat, artiste engagé (mais aussi rare et réservé dans ses apparitions que ses textes et ses prises de position étaient fortes et tranchées), va certainement émouvoir tous ses fans en France bien sûr mais aussi au Québec où il était particulièrement admiré par toute une génération (Voir article de Radio-Canada).
C’est d’ailleurs à Québec que j’ai eu la seule opportunité de le voir, en chair et en os, lors d’une préparation d’un concert inoubliable donné dans la ville accompagné de centaines de choristes. Seul devant l’établissement où il répètait son spectacle, je l’avais vu plutôt vieilli, pensif mais avec cette classe unique dans la simplicité qui font les grands artistes.
Idôle de mes parents et de toute la classe ouvrière, Jean Ferrat a bercé musicalement mes toutes jeunes années et j’ai appris, au fil des années, à aimer son répertoire, ses textes forts et ses diatribes contre une société et ses injustices qu’il pourfendait. J’ai écouté souvent sa voix unique et émouvante. C’est la raison pour laquelle je sors un peu des sentiers battus de ce blog pour exprimer une certaine admiration pour l’homme, son oeuvre et son engagement.
Et comme ce texte se veut un hommage et non une nécrologie de ce parisien de naissance (mais ardéchois de coeur), que de plus intense que de chanter en s’imaginant parcourir un paysage champêtre de la Haute-Ardèche : « Le vent dans tes cheveux blonds, Le soleil l’horizon, quelques mots d’une chanson, que c’est beau, c’est beau la vie… » et de sussurer doucement : « Pourtant, que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer, en voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver… ».
L’automne de sa vie est arrivée et l’artiste s’en est allé. Il nous plonge entre « nuit et brouillard« . Bye bye l’artiste !
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