L’entrepreneuriat est souvent valorisé au travers de l’apologie de grands succès d’entreprise. On cite souvent en exemple les Google, Apple, Microsoft et autres Facebook et plus précisément leurs fondateurs qui sont devenus des personnages cultes que l’on vénère sur la planète entière. Ils font rêver des générations de futurs entrepreneurs qui envisagent de créer leur boite.
Je fais partie de ceux qui les cite régulièrement en référence. Souvent dans un but d’illustrer certains aspects de l’entrepreneuriat. N’associe-t-on pas aujourd’hui systématiquement Steve Jobs au mot Innovation. Mais si Steve Jobs, Mark Zuckerberg ou Sergei Brin donneraient à un podium sportif des allures de podium olympique, ils ont la particularité d’avoir entrepris très jeunes, de posséder de multiples talents et d’être dans un pays qui place l’entrepreneur au pinacle de la réussite sociale : les États-Unis !
Mais toutes les personnes qui créent leur entreprise sont-elles à ranger dans la catégorie de ces entrepreneurs-nés ? Des personnes dotées de super-talents et d’un environnement fertile pour entreprendre ? Ont-elles toutes les expertises et le savoir-faire pour réussir à tout coup ? Loin s’en faut…Alors j’aimerais nous amener à nous poser collectivement la question : comment devient-on entrepreneur ?
Quelle est la réalité du Québec d’aujourd’hui ?
Faire rêver et inspirer avec de grands succès, c’est bien mais une société doit aussi être capable de donner plus largement l’envie à une génération de personnes de se lancer et de relever le défi de la création d’entreprise. Leur donner un portrait juste de la réalité de l’entrepreneuriat, c’est développer les véritales facteurs de motivation et susciter les vocations de demain.
Au Québec et plus largement dans les pays occidentaux, les PME représentent plus de 90% des entreprises et emploient près de 55% des personnes actives. Voir grand est donc nécessaire mais il faut aussi encourager ceux qui veulent créer des entreprises sans forcément avoir la vision d’en faire de grands succès mondiaux. Ce n’est pas manquer d’ambition mais simplement être réaliste sur les capacités et les motivations réelles de chaque entrepreneur pour concrétiser le projet qui l’anime. L’entrepreneuriat social comme principal moteur en est un bel exemple.
Albert Einstein lui-même a un jour déclaré : « Tout le monde est un génie mais si vous jugez un poisson à ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ». Nous devons nous en inspirer…Cette citation démontre qu’il est important de bien connaitre ses capacités afin de les exploiter au maximum et de façon réaliste. De cette adéquation naîtra la performance et l’atteinte des objectifs fixés.
Afin de trouver des sources de motivation et des axes de travail pour soutenir l’entrepreneuriat, il est intéressant de s’intéresser aux profils des entrepreneurs. Si les entrepreneurs-nés lancent souvent leur première entreprise très jeune (souvent avant 20 ans), l’âge moyen des primo-entrepreneurs est, à l’échelle mondiale, d’environ 38 ans. Selon les dernières données de l’indice entrepreneurial de la Fondation de l’Entrepreneurship du Québec, une personne sur cinq (soit 20%) déclare vouloir créer une entreprise et les principales sources de motivation évoquées sont :
– Le désir d’accomplissement et/ou de réaliser un rêve
– Le besoin d’indépendance
– L’identification d’une opportunité d’affaires
Quelles pistes de solutions pour demain ?
Nous devons tous collectivement réfléchir pour comprendre les ressorts de l’entrepreneuriat et proposer des initiatives pour favoriser la création d’entreprise chez les jeunes mais également chez les moins jeunes. Identifier et décoder les principales barrières qui freinent les vocations. Parmi d’autres idées à mettre en oeuvre, j’en préconiserai quelques unes qui me semblent essentielles et qui ne font pas toujours partie des plateformes politiques :
– intégrer la culture entrepreneuriale à tous les niveaux d’enseignement ou y intégrer des programmes particuliers (voir par exemple le programme Entrepreneuriat de l’école Primaire Coeur Vaillant de Sainte-Foy opérationnel depuis plus de 10 ans)
– ouvrir de nouvelles formations professionnelles orientées entrepreneuriat comme l’École d’Entrepreneurship de Beauce ou la nouvelle École d’Entrepreneuriat de Québec qui vient d’accueillir sa première cohorte en mai dernier.
– diversifier les exemples qui sont choisis pour illustrer la réussite en entrepreneuriat : choisir différents types et tailles d’entreprise (succès internationaux, succès locaux, succès sociétaux,…) afin d’inspirer le plus grand nombre
– développer le mentorat d’affaires sur le principe de « donner au suivant » et inciter des entrepreneurs à ouvrir leurs réseaux et offrir leur expertises à de nouveaux entrepreneurs en leur faisant comprendre que l’expérience est enrichissante…pour les deux parties
– changer les façons de faire et trouver de nouveaux modèles (en utilisant les nouvelles technologies) pour structurer différemment, plus largement et surtout plus efficacement les réseaux d’entrepreneurs
– …
Vous avez sûrement vous aussi de nouvelles idées. Pensez à les promouvoir ! Si les entrepreneurs-nés sont peu nombreux, on peut contribuer à susciter des vocations et à aider ceux qui peuvent le devenir. Supporter ceux qui hésitent à réaliser leur rêve, quelque soit leur ambition, et leur démontrer qu’entreprendre, c’est avant tout oser…pour ne rien regretter !
Crédits photos : Shutterstock
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