A l’aube de ma dixième année de vie au Québec, chaque retour estival sur le continent européen m’invite un peu plus à percevoir la culture et particulièrement la culture française avec un regard extérieur presque nouveau. L’occasion pour moi de faire une analyse croisée avec ce que je vis au quotidien au Canada.
Ce billet débute une série de billets que je me propose de faire sur plusieurs semaines pour livrer ces observations personnelles sur des aspects typiques qui différencient les cultures sociales et d’affaires européennes et nord-américaines.
La petite voiture ou la chasse à la consommation d’essence :
La voiture reste dans tous les pays industrialisés le symbole de la modernité mais aussi d’une certaine réussite sociale. Elle traduit aussi, par la typologie de son parc, l’image du dynamisme d’une économie. Aussi ma première grande surprise en arrivant pour la première fois en terre canadienne en 1988 avait été de constater la forte prépondérance de « pick-up » et de véhicules 4X4 alors que ce type de véhicule était encore rare en Europe à cette époque. D’autant plus rare que dès la première crise pétrolière de 1973, l’économie européenne, fortement dépendante des prix du pétrole était à la merci de la fluctuation des cours dictée par les membres de l’OPEP, avait du mettre rapidement en place une politique d’austérité sur la consommation d’énergie pour éviter de déséquilibrer sa balance commerciale. Cette politique appelée plus communément en France « chasse au gaspi » a de fait conduit à une culture précoce d’économie d’énergie qui se traduisit pour les gens de ma génération par l’habitude de fermer les lumières en quittant une pièce, de régler le chauffage domestique à un maximum de 19 degrés et pour revenir au monde de l’automobile, de privilégier des voitures de petite cylindrée et à faible consommation d’essence.
Si cette bonne habitude s’est petit à petit perdue avec la croissance économique régulière observée lors des années 90 et 2000, la nouvelle flambée du prix du baril et donc de celui de l’essence a remis au goût du jour la « petite voiture ». Avec un litre d’essence à 1,3 euros (soit plus de 2 dollars), on comprend pourquoi le parc automobile français a tendance à changer de typologie et le retour en force des voitures de petite cylindrée. De la Smart à la Fiat 500, certaines voitures urbaines, accessibles à bon prix, font un tabac et leur faible coût en fait les championnes des ventes en période de crise économique.
A voir le virage « vert » insufflé au Etats-Unis par l’administration Obama (suivi bien timidement par le Gouvernement canadien) et l’obligation économique pour les géants américains de l’automobile de revoir leur gamme de véhicules, la petite voiture a aussi un bel avenir en Amérique du Nord…