Dire d’un livre de Jacques Attali qu’il ne recèle qu’une idée serait faire injure à l’auteur tant ses livres sont en général riches en réflexions et en recherche d’ouverture vers de nouveaux horizons ou de nouvelles pensées. C’est encore le cas de « Une brève histoire de l’avenir », son dernier essai paru au premier semestre 2008. Cependant pour rester fidèle à ma rubrique, je vais tâcher d’en faire ressortir UNE idée forte qui, il me semble, traduit bien la qualité du livre et les différents champs qu’il explore.
Et c’est à mon sens dans la notion de « cœur de l’ordre marchand », qu’il faut trouver l’essence du message de ce livre qui retrace l’histoire du capitalisme depuis son origine et tente d’en décrypter l’avenir. Mince affaire !
Mais quand on sait que l’ouvrage a été écrit avant le début de la crise financière, force est de constater qu’Attali voit (malheureusement) juste et qu’il reste un visionnaire. On retiendra aussi que l’auteur est prudent sur sa lecture de l’avenir et que tout en dressant un tableau qui peut paraitre sombre à première lecture, il n’oublie jamais de laisser transparaitre un certain optimisme qui veut que la société humaine ait toujours réussi à se trouver une voie et à se régénérer.
Alors qu’est-ce que le « cœur de l’ordre marchand » ? C’est en général plus une ville qu’un état (même si cette ville « cœur » fait de son état d’appartenance, un leader économique de fait) qui de par sa position géographique sur une route commerciale stratégique, s’appuyant sur une place financière puissante, sur sa capacité à attirer les meilleurs cerveaux et sur la maitrise d’une technologie qui la met en avance sur son temps et à l’échelle de la planète entière, réussit à devenir la plaque tournante du commerce mondial. Jacques Attali nous dit que Los Angeles et la Californie représentent le 9ième cœur de l’histoire du capitalisme en s’appyuant, entre autres, sur une forte densité de population et un PIB exceptionnel, la force et le potentiel d’innovation énorme de la Silicon Valley et le pouvoir d’attraction culturel que représente Hollywwod.
Los Angelès succède à Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston et New York, cœurs d’Empires qui ont tous eu leur déclin et surtout des durées de vie de plus en plus courtes.
En prédisant un affaiblissement des États-Unis, l’auteur affirme malgré tout que ceux-ci abriteront toujours le cœur mondial dans les prochaines années mais il lève aussi la question de savoir si d’autres ville-régions pourront un jour y prétendre notamment en profitant de la formidable croissance de certains pays émergents tels la Chine, l’Inde voire le Brésil. Alors Shanghai, Bombay, Sao Paulo ou d’autres ? Attali n’ose pas de réponse tranchée mais la lecture de cet essai vous permettra peut-être d’avancer votre propre pronostic…
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