Les géants du secteur agroalimentaire au Québec nous font parfois oublier qu’il existe une kyrielle de petites entreprises, souvent familiales, qui doivent survivre dans un marché hautement concurrentiel. Et la bataille peut se jouer sur la qualité des produits mais elle se gagne souvent sur des spécificités tels que la culture biologique ou l’appellation « terroir », aussi et surtout sur la visibilité et la capacité de commercialisation.
Un domaine dans lequel les stratégies et tactiques marketing font la différence et où le web règne en maître.
Digital et agroalimentaire: font-ils bon ménage ?
Premier constat évident, les petites entreprises ont de la difficulté à lutter contre les multinationales qui peuvent consacrer d’importants budgets à la communication. Des budgets sans commune mesure avec ce qu’une entreprise familiale peut investir ?
Est-ce une raison pour ne rien faire ?
Appelé récemment par l’Union des Producteurs Agricoles (UPA) et le Ministère de l’agriculture (MAPAQ) pour intervenir en formation auprès de leurs responsables marketing et communication et des conseillers en entreprise qui interviennent partout au Québec pour conseiller les entreprises du secteur agroalimentaire, j’ai pu échangé et récolter l’avis de près de 100 spécialistes sur les besoins de terrain en termes de marketing web.
Que l’on parle des producteurs agricoles, des transformateurs et des commerçants. il ressort clairement qu’il reste du chemin à parcourir. Les principales objections relevées auprès des entrepreneurs :
- J’ai peu de temps à consacrer au marketing alors si j’ajoute le web…
- Le marketing web, ça coûte cher et c’est compliqué !
- Est-ce que çà donne vraiment des résultats ?
- Mes clients ne sont pas présents sur les réseaux sociaux alors…
- …
Autant de freins au développement qui expliquent le retard pris au Québec dans l’adoption du numérique. Pourtant, lorsque les objectifs sont clairs, que l’on s’adresse à la clientèle bien segmentée, avec les bons outils et un message pertinent, le marketing web, çà fonctionne !
Face à la concurrence mondiale et à l’explosion du commerce électronique, le terroir québécois doit réagir en utilisant de nouvelles stratégies et tirant parti d’une volonté croissante des consommateurs: consommer local…
Le digital : un moyen de changer les choses
Le digital offre des solutions à coût optimisé et un potentiel de ciblage unique. Il change le rapport de l’entreprise avec les consommateurs en leur donnant des moyens simples d’interagir.
Quoi de plus facile en effet que de poster un commentaire sur Facebook pour avoir plus d’information sur un produit donné. Il est aussi simple de s’abonner à l’infolettre de son commerce préféré pour recevoir de l’information régulière sur les produits disponibles ou être informé des dernières nouveautés.
Le Québec entre doucement dans l’ère du manger mieux ou du manger santé, un mouvement qui donne un avantage concurrentiel aux producteurs locaux. Porté par les Foodies, ces jeunes parents (entre autres) qui remettent l’assiette et le plaisir de bien manger comme une priorité au quotidien. Des consommateurs qui se nourrissent de nouveautés en restant branchés sur internet et les réseaux sociaux pour dénicher la perle rare à partager lors d’un prochain repas entre amis.
La clientèle, toutes générations confondues, cherche sur internet. Une bonne stratégie web permet d’élargir sa visibilité auprès de nouveaux acheteurs tant en local qu’à une échelle plus large. Elle peut s’appuyer sur la génération actuelle, née avec le numérique, et qui offre une alternative aux petites entreprises de l’agroalimentaire qui décident de se lancer.
Deux entreprises, qui assistaient à ma dernière formation sur le commerce électronique à l’UPA, étaient représentées par le propriétaire accompagné d’un(e) jeune employé(e) en charge de prendre en main la stratégie digitale. Les temps changent, les outils évoluent et les entreprises doivent s’adapter.
Comment ne pas terminer en citant un bel exemple de stratégie numérique réussie. L’entreprise Cassis Monna et filles vit une phase de relève familiale entre deux soeurs et leur père qui a décidé, 20 ans plus tôt, de faire connaitre le cassis, un fruit méconnu au Québec. L’option du digital s’est imposée comme une évidence.
Un pari en passe d’être réussi pour Anne et Catherine Monna qui sont à la tête d’une entreprise en pleine croissance. La stratégie numérique, basée sur l’utilisation combinée d’une site marchand, d’un blogue et des réseaux sociaux et orientée vers la publication de recettes pour faire découvrir le cassis comme un ingrédient original dans votre verre ou votre assiette.
Et les Foodies raffolent d’un petit kir servi pour se mettre en bouche avant de déguster une bonne recette de porc effiloché de la belle soeur au cassis. Et vous ?