Ce rapport, réalisé à la demande du Premier ministre Français, est le fruit de travaux de praticiens qui se sont déroulés pendant l’année 2009 . Au niveau européen, près d’un tiers des travailleurs estime que sa santé est affectée par le stress ressenti sur le lieu de travail. En France, les consultations pour risque psychosocial sont devenues la première cause de consultation pour pathologie professionnelle. Plusieurs facteurs de stress cohabitent : les restructurations et modifications des conditions de travail, la peur du chomage, l’augmentation des exigences des clients, la mise en avant de la performance financière, la mondialisation……
Ce rapport propose dix pistes pour améliorer la santé psychologique au travail.
1. L’implication de la direction générale est indispensable : l’évaluation de la performance doit intégrer le facteur humain, et donc la santé des salariés. La responsabilité des dirigeants est de mettre en oeuvre une véritable politique de santé, en repensant notamment les modes de management, d’organisation et de vie au travail. L’objectif est de responsabiliser davantage l’ensemble de la direction de l’entreprise sur les sujets humains. La performance sociale doit aussi être prise en compte, incluant notamment des indicateurs de santé, de sécurité et de conditions de travail (le turn over, les accidents du travail, la satisfaction des salariés, la promotion interne) affirmer une culture d’entreprise soucieuse de la santé des salariés en aménageant des espaces de travail ergonomiques, afficher clairement les règles de vie et d’usage) . Valoriser le rôle du collectif dans l’évaluation de la performance.
2. La santé des salariés est d’abord l’affaire des managers de proximité. Le manager direct est un relais essentiel avec la hiérarchie de l’entreprise. Son rôle d’écoute est fondamental.
3. Donner aux salariés les moyens de se réaliser dans le travail : instaurer des espaces de discussion et d’autonomie dans le travail. La performance et l’innovation font appel à l’intelligence collective des salariés : les occasions de leur redonner de l’initiative doivent donc être favorisées. Tout salarié veut être efficace et utile, c’est ce qui donne du sens et de la fierté à son travail. Il est souvent le mieux placé pour identifier les dysfonctionnements et proposer des pistes d’amélioration de l’efficacité. Les conditions sur le marché du travail introduisent une pression supplémentaire, ne permettant pas aux salariés de changer d’activité ou d’employeur comme ils le souhaitent. Aider aux transitions professionnelles est un levier de limitation du stress. Les espaces de régulation et de discussion sont donc indispensables, à plusieurs titres : pour que les salariés s’approprient leurs pratiques professionnelles sur le plan technique et éthique, pour donner sa place à la performance collective dans le travail, et enfin pour prévenir les conflits au travail par des espaces de partage et de dialogue sur les difficultés rencontrées. Les espaces de discussion sur le travail permettent de décharger les problèmes au travail d’une partie de leur dimension émotionnelle : le salarié n’est plus seul face à son problème. Si les salariés constituent la ressource stratégique de l’entreprise, ils doivent pouvoir s’exprimer et prendre des initiatives.
4. la santé au travail est l’affaire de tous, Impliquer l’ensemble des acteurs et notamment les partenaires sociaux : le dialogue social, dans l’entreprise et en dehors, est une priorité. L’employeur est légalement responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés et a une obligation de résultat en la matière. Seule une toute petite partie des branches professionnelles et des entreprises disposent d’un accord spécifique sur la prévention des risques psychosociaux. Les partenaires sociaux éprouvent de nombreuses difficultés à se saisir de problématiques qu’ils connaissent mal en comparaison des questions de sécurité physique. Au sein de l’entreprise, les CHSCT demeurent trop en retrait sur le sujet.
5. Mesurer les conditions de santé et sécurité au travail est une condition du développement du bien-être en entreprise. Sans outils de mesure, il n’est pas possible de modifier les comportements : mesurer les conditions de santé au travail est le préalable à la définition d’une stratégie et à sa mise en oeuvre. De nombreux travaux d’experts sont venus documenter cette question et ont permis d’établir un panorama détaillé des facteurs associés à une augmentation du stress subi par les salariés. Avant toute démarche, deux questions doivent se poser : d’abord, que cherche-t-on à connaître ? Ensuite, sur quoi veut-on intervenir : en amont des risques psychosociaux, en prévention de la dégradation des situations ou en réparation de situations dégradées ? Il n’existe pas d’outil unique pour établir un diagnostic : la démarche doit être adaptée le plus concrètement possible aux problématiques propres à chaque entreprise. Les outils utilisés doivent être suffisamment simples pour se traduire en plans d’action. Il faut mettre en place des outils suffisamment simples et robustes pour être réutilisés à intervalles réguliers par les entreprises, privilégier les fiches-actions, pratiques « clefs en main », pour les petites et moyennes entreprises.
Les 5 pistes suivantes seront décrites dans un prochain billet. Pour télécharger le Rapport complet.
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