Faire du mentorat d’affaires, c’est choisir d’accompagner un entrepreneur qui peut œuvrer ou non dans le même domaine d’activité que celui dans lequel vous exercez encore. Ce choix n’est pas anodin et mérite que l’on s’y arrête.
Etre du même domaine que l’entrepreneur mentoré : les plus et les moins
Ce choix est surtout crucial pour un nouveau mentor qui n’a pas encore de retour d’expérience pour en évaluer les éventuelles conséquences.
Lors de mes premiers pas comme mentor, j’ai accepté une dyade (duo Mentor/Mentoré) qui m’était proposée avec un entrepreneur qui venait de lancer une entreprise dans un secteur proche du mien (sans être concurrentielle, une règle intangible de la Fondation de l’Entrepreneurship du Québec).
Si l’expérience a été concluante, en étant objectif et avec quelques années et quelques dyades de recul, il me semble que je cherchais inconsciemment dans ce choix à rester dans ma zone de confort. Une première dyade représente toujours un défi, même pour un mentor qui a un long parcours d’entrepreneur, et elle soulève des interrogations sur notre capacité à bien répondre aux attentes de l’entrepreneur mentoré.
Voici quelques avantages de cette option :
– Vos connaissances et votre expérience vous offre une meilleure compréhension ce que vit l’entrepreneur
– Vous cernez mieux les enjeux et l’environnement d’affaires
– Vous pouvez avoir le sentiment d’être en maîtrise de la situation
…et quelques inconvénients inhérents à cette proximité :
– L’entrepreneur mentoré sera-t-il tenté de vous amener à «plonger» dans son entreprise ce (et à sortir de votre rôle de mentor) ?
– Vous pourriez vous-même avoir la tentation d’aller au-delà de votre rôle de mentor, juste parce que « vous savez » ?
– Votre expérience est-elle réellement transposable aux nouveaux modèles, organisationnels et d’affaires, d’aujourd’hui ?
Un choix qui doit être conscient
Sans juger du bien-fondé d’un choix par rapport à une autre., mon expérience m’a fait longuement cheminer sur le sujet. Ayant vécu des dyades dans mon secteur d’activité mais également dans des domaines sortant totalement de mon champ de connaissances, je me résolu a appliqué une règle : n’accepter que des dyades hors de mon périmètre d’activité.
Deux raisons principales m’ont conduit à faire ce chois déterminé.
1) Le monde des affaires bouge à grande vitesse. Croire « que l’on sait » peut conduire à faire des erreurs de jugement. Prenons l’exemple du commerce de détail, un secteur bousculé par l’émergence du commerce électronique, et posons nous la question suivante : un mentor, propriétaire d’un commerce depuis 30 ans et qui n’a pas vécu le virage du commerce en ligne reste-il dans sa zone de confort face à un entrepreneur qui opère une boutique en ligne?
2) Tout mentoré est tenté de lancer des discussions sur des sujets très opérationnels qui relève plus de l’entreprise que de sa situation d’entrepreneur. Vous allez devoir recentrer l’échange pour revenir à la relation mentorale et cela peut devenir contraignant et vous faire perdre le focus sur le vrai rôle de mentor.
Ces questions, somme toute assez simples, peuvent aider à faire un choix définitif. Il faut juste en comprendre les implications et baliser la relation avec quelques « pare-feu » pour éviter de sortir du cadre de votre engagement.
Pensez enfin que le fait de côtoyer des entrepreneurs, dans des domaines inconnus pour vous, peut représenter une expérience enrichissante. Apprendre de nouvelles choses ou être constamment surpris vous ouvrira peut-être de nouveaux horizons…Donner du temps comme mentor, c’est aussi parfois recevoir !
NB: Cet article s’inscrit dans une série de billets sur le Mentorat d’affaires que je rédige en partenariat avec la Fondation de l’Entrepreneurship du Québec. Retrouvez tous ces articles dans le Blogue Entreprenant