A l’aube de ma dixième année de vie au Québec, chaque retour estival sur le continent européen m’invite un peu plus à percevoir la culture et particulièrement la culture française avec un regard extérieur presque nouveau. L’occasion pour moi de faire une analyse croisée avec ce que je vis au quotidien au Canada.
Regards croisés est une série de billets sur plusieurs semaines pour livrer mes observations personnelles sur des aspects typiques qui différencient les cultures sociales et d’affaires européennes et nord-américaines.
La France accuse fréquemment un retard technologique mais démontre souvent une certaine capacité à réagir…
En terme d’avancement technologique, il est reconnu que les grandes tendances viennent presque systématiquement des Etats-Unis et plus précisément de la côte ouest qui foisonne de talents et de jeunes entreprises innovantes. De par sa proximité géographique et culturelle, le Canada fait partie des pays dont le temps d’adoption des nouvelles technologies est un des plus courts. Ce qui n’est pas le cas de la France qui accuse souvent un retard par rapport aux autres grands pays industrialisés. Alors conservatisme ou résistance au changement ?
Je penche tout de suite pour la seconde version. La France a depuis longtemps démontré qu’elle était une nation difficile à réformer, où les acquis sont durables et les privilèges difficiles à remettre en cause. Alors ceci peut expliquer pourquoi une rupture technologique peut être perçue comme un risque pour ceux dont les positions sont acquises plus qu’une opportunité réelle à saisir.
Il ne faut évidemment pas généraliser et ne voir que cet aspect des choses. Il y a en effet aussi en France une capacité reconnue, lorsque l’effet nouveauté est passé, à « mettre la machine en marche ». Cet élan national conduit généralement à atteindre, dans un temps recourd, un taux de pénétration élevé des nouvelles technologies. Deux exemples types permettent de l’illustrer : la téléphonie mobile et l’internet.
Je me souviens qu’il y a 10 ans, à mon arrivée au Canada, le taux d’équipement des foyers et des entreprise à internet était déjà élevé et le fossé avec la France était réellement conséquent (aussi bien en terme d’avancement technologique que de coût). La tendance est aujourd’hui totalement inversée que ce soit au niveau du nombre de foyers connectés, du volume d’achats en ligne ou de la capacité des équipements (accessibilité, vitesse de connexion,…).
Le cas de la téléphonie mobile est encore plus frappant. Il se traduit notamment par des offres d e prix très concurrentielles que ce soit pour des communications locales ou internationales. Les offres combinées internet/téléphonie IP (les fameuses « Box » sont multiples et accessibles à des coûts compétitifs alors qu’elles n’existent pas encore au Canada. Que dire des prix prohibitifs pratiqués par les Bell, Telus ou autres Rogers lorsqu’il s’agit d’envisager de souscrire à un abonnement pour des communications mobiles à l’international !