Startup : faut-il rédiger un plan d’affaires ?

Vous êtes sur le point de lancer votre startup ? Vous vous demandez si vous devez impérativement rédiger un plan d’affaires ?

Le débat a fait rage au Québec entre ceux qui tiennent à la règle et qui affichent un certain conservatisme lorsqu’il s’agit d’exiger un plan d’affaires détaillé aux entreprises en démarrage et d’autres qui préconisent de revoir nos façons de mener une démarche d’évaluation d’un projet d’entreprise. Parmi le second groupe figure Claude Ananou, professeur à HEC Montréal, qui a secoué, il y a quelque temps déjà le microcosme de l’entrepreneurship québécois par le biais de son blog (Lire les billets « Est-il vraiment utile d’avoir un plan d’affaires ? » et « Les 10 quiproquos du plan d’affaires« ) avant de revenir à la charge récemment dans le journal des Affaires sur le thème « Comment se perdre avec un plan d’affaires« .

Ayant eu moi-même à faire mon propre plan d’affaires (en respectant à l’époque les exigences assez contraignantes des investisseurs) en démarrant une startup techno en 2000 puis côtoyant ou accompagnant depuis quelques années des entrepreneurs qui se lancent en affaires (majoritairement des startups innovantes) à titre de mentor ou de coach d’affaires, qu’ai-je appris avec le temps par la pratique et l’expérience du terrain ?

Que quelques règles simples mais bien utiles doivent être observées avant de se lancer dans la rédaction d’un plan d’affaires.

1) Le plan d’affaires est erroné à partir du moment où on en rédige la première ligne et c’est normal.

2) La quantité ne remplacera jamais la qualité. Un plan d’affaires synthétique mais clair vaut mieux qu’un roman fleuve que personne ne lira jusqu’au bout.

3) Les prévisions financières à 5 ans sont de la pure science fiction. Elles servent à réaliser de savants calculs de ratios financiers mais relèvent plus du jeu de la boule de cristal que d’une véritable évaluation opérationnelle.

4) Il est essentiel d’élaborer un modèle d’affaires qui tienne la route avant de commencer tout travail de rédaction sur le plan d’affaires.

5) Le modèle d’affaires qui fait le succès d’une entreprise est rarement celui que l’entrepreneur avait imaginé au départ. La réalité du terrain et les besoins des clients sont souvent bien différents de ce que l’on imagine lors de la phase de démarrage d’un projet.

5) Avez-vous testé votre idée auprès d’un client potentiel et qu’en a t-il pensé ? Répondez-vous à un besoin réel et bien identifié et y apportez-vous une solution à valeur ajoutée ?

6) Le plan d’affaires, même simplifié, est une structure organique. Elle vit, grandit, évolue et connaitra de multiples changements avec le temps.

7) Il n’y a pas de bon plan d’affaires sans un plan opérationnel à 12 mois précis. Ce plan sera un bon support pour réaliser un pilotage efficace de l’entreprise au quotidien.

En conclusion, je crois qu’il est utile de rédiger un plan d’affaires qui aura un objectif structurant pour l’entreprise. Cependant, il faut veiller à le faire de manière flexible voire en adoptant aune approche Agile, comme elle est aujourd’hui fréquemment pratiquée en développement logiciel. C’est à dire fonctionner par itération, accepter le flou lorsque celui-ci permet d’avancer et non de stagner. Régler les questions essentielles en se confrontant à la clientèle cible le plus rapidement possible et en testant notre solution. Éviter les pertes de temps inutiles en voulant régler les détails. Ils se solderont au fur et à mesure de l’avancement de vos opérations et sans conséquences importantes par rapport à vos orientations stratégiques.

Mais ce travail ne doit en aucun retarder vos premières confrontations avec la clientèle cible. Au contraire. Des rencontres préliminaires ou des phases pilotes de votre projet vous permettront de tester votre idée, d’affiner votre modèle d’affaires et de lancer votre développement produit sur de meilleures bases (Lire à ce propos notre billet « Startup : l’art de tester le marché avant de développer un produit« ).

Votre plan d’affaires n’en sera que plus réaliste…donc plus convainquant pour les investisseurs et surtout plus utile pour encadrer votre lancement !

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